Depuis que j'ai commencé à écrire ces chroniques sur ce site, je n'avais jamais eu à donner mon avis au sujet d'un véritable chef d’œuvre, jusqu'à aujourd'hui. Car il me faut l'avouer d'emblée, le dernier film de Mel Gibson s'inscrit à mon avis au Panthéon des plus grands films de guerre de tous les temps. Après quasiment dix ans d'absence, puisque son dernier film "Apocalypto" date de 2006, c'est donc à un double retour auquel nous assistons cette année. D'une part, celle du retour de Mel Gibson, l'acteur, avec "Blood Father", réalisé par Jean-François Richet, présenté en avant-première mondiale au Festival de Cannes 2016. Pour ceux qui, comme moi, ont suivi la cérémonie de clôture, cela nous a valu d'assister à une émouvante scène de retrouvaille entre Mel et George Miller, qui officiait en tant que Président du jury. D'autre part, celle du retour de Mel Gibson, le réalisateur, avec ce film très attendu. Je ne réussi pas à être objectif avec le style du cinéaste, tous ses films constituent pour moi une exemple stupéfiant de ce que l'art cinématographique représente de mieux, et une démonstration de ce qu'il devrait être dans sa substantialité. "La Passion du Christ", que je revoie toujours avec une très grande émotion, est à mes yeux un des plus grands film jamais réalisé. J'attendais donc ce film avec une excitation grandissante au fur et à mesure que sa date de sortie approchait. J'ai même du refréner un peu cet accès d'énergie, tant j'ai redouté une déception au vu de la hauteur de mes espérances. Il n'en fut rien, bien au contraire: j'en attendais beaucoup, mais je n'en attendais pas autant. C'est avec un enthousiasme assumé autant que revendiqué que je vais essayer au cours de cet article d'exprimer au mieux les qualités qui font que ce film est pour moi un véritable chef d’œuvre du Septième Art.
I. "Une histoire vraie"
Sur l'écran noir du début, cette phrase d'accroche est immanquable. Dès les premières minutes, on sait d'emblée que l'on est sur le point d'assister à une leçon d'Histoire. Le sentiment se trouve même renforcé pour moi par le fait d'aller voir le film un 11 Novembre, même si ce jour de commémoration ne porte pas sur le même conflit. Le pitch, très efficacement rappelé dans la bande-annonce, est intrigant, et l'histoire est d'autant plus incroyable qu'elle est vraie. Le film conte l'histoire de Desmond Doss, membre de l'Église des Adventistes du 7ème jour, un mouvement chrétien qui respecte à la lettre les principes des Évangiles. Engagé dans l'armée pour servir son pays lors de la seconde guerre mondiale, il met toute sa force morale à refuser de tuer son prochain, et même de porter une arme au nom de ses convictions.
La singularité du film provient donc du fait qu'il s'agit du seul film de guerre, à ma connaissance, dans lequel le héros ne porte pas d'armes. Généralement, le genre "film de guerre" entretient une relation distendue avec la notion de suspense. Ici, au contraire, le suspense est constant et on se demande de quelle façon ce personnage, dont toute la première moitié du film nous a montré la douceur et la candeur, va s'y prendre pour survivre au milieu des atrocités de la guerre. Une des tensions réside justement dans le fait de savoir s'il tiendra jusqu'au bout son engagement.
Contrairement à ce que disent plusieurs critiques rapides, le film comporte trois parties distinctes :
Une première partie qui prend le temps de mettre en place le contexte social et religieux. Mel Gibson réalise une première partie du film qui respecte en tout point la beauté classique et standardisé des canons hollywoodiens. Andrew Garfield joue ce personnage décalé à souhait. La forme est d'autant plus parfaite que j'ai personnellement eu l'impression de voir un film directement issu des années 50, avec une petite musique de fond, et un passage de romance très "Fleur bleue", que j'affectionne particulièrement, et qui ne nous prépare en rien à la suite.
La deuxième partie correspond à la partie formation du héros. C'est une sorte de transition nécessaire, dans laquelle les convictions et la Foi de Desmond Doss sont soumis à la confrontation au réel. Il est tentant de voir ici le propre parcours de Mel Gibson lui-même comme je l'explique plus bas.
La troisième partie est assurément le point fort du film. Techniquement parfait, d'une puissance graphique hors norme et exceptionnelle, c'est la partie qui vaut à elle seule d'aller voir ce film.
Le film réalise une espèce de synthèse de tous les plus grands films de guerre de l'Histoire : les ralentis esthétiques évoquent "Les croix de guerre "de Sam Peckinpah, la première scène du bombardement côtier, très impressionnante, évoque celles d"Apocalypse Now " de Francis Ford Coppola, La partie qui traite de la formation militaire avec un sergent instructeur très autoritaire, évoque bien sur "Full Métal Jackett" de Stanley Kubrick, les scènes de souterrains où circulent l'armée japonaise, évoque "Lettres d'Iwo Jima", qui avec "Mémoire de nos Pères", forme l'incroyable diptyque réalisé par Clint Eastwood. Enfin, l'esthétique ultra-violente des combats, qui tend vers un réalisme accru, rappelle la première demi-heure d'"Il faut sauver le soldat Ryan" de Steven Spielberg. D'ailleurs, je n'avais jamais vu des scènes de combats d'une telle intensité depuis le film du créateur d' E.T., et Gibson réussit même l'exploit de surpasser par instant Spielberg en terme de violence, notamment dans la première scène de combat, d'une longueur et d'une sauvagerie inouïe. Mais Gibson se dégage de ces références incontournables par une manière bien à lui de faire évoluer l'intensité dramatique de ses personnages : plus on avance dans le film, plus on est pris sous un flot d'émotions de plus en plus puissant. Le héros très simple au début, que certains ont même qualifiés de niais, se transforme au fil du temps en personnage d'une immense humanité qui nous touche profondément.
Rarement le titre d'un film aura dialogué autant avec son sujet. Car si le titre original "Hacksaw Ridge", que l'on peut traduire à peu près par "Falaise de la Scie", fait référence à la bataille historique qui a eu lieu à cet endroit, le titre français, qui fait bien sur référence au 6ème Commandement de Dieu que le héros se veut de respecter, tranche singulièrement avec le nombre de morts que compte le film. Ce titre rappelle également que l’œuvre tout entière est un film de guerre contre la guerre.
Un double contexte : artistique et social.
Je remarque que Mel Gibson sort son film dans un double contexte : artistique et social. Artistique, car ces derniers mois ont fait la part belle aux films de super-héros, dotés de capacités surnaturelles et évoluant à grands renforts d'effets spéciaux toujours plus spectaculaires. Sa récente cible fut d'ailleurs le récent "Batman versus Superman: l'Aube de la Justice", qui a été tourné en grande partie sur fond vert. Ici, au contraire, Gibson nous relate l'histoire d'un homme simple, dénué de capacité spéciales et seulement doté d'une foi inébranlable en Dieu. Social, car l'actualité américaine nous rappelle que le débat sur les armes est plus que jamais d'actualité. La violence, les guerres de toutes sortes nourrissent chaque soir les journaux télévisés. Ici aussi, Gibson prends le contrepied de l'actualité en nous proposant l'itinéraire d'un homme qui devient justement un héros en refusant de porter une arme. Nous verrons aussi plus loin que Mel Gibson a développé sur ce film de nouvelles techniques où les explosions se situaient au plus près des acteurs, renforçant l'aspect réaliste des séquences de combats.
II. "Pitié Seigneur, faites que j'en sauve un de plus...un de plus."
Mel Gibson réalise ici son 5ème film sur le 6ème Commandement. Ce n'est pas un hasard, car les convictions religieuses du cinéaste sont clairement affichés depuis le magnifique "La Passion du Christ". Ses convictions sont telles que ses œuvres laissent transparaitre un message évangélisateur évident, en promouvant un certain nombre de valeurs.Dès le début du film, qui nous conte l'enfance du héros, je n'ai pu m’empêcher de penser à Caen et Abel avec l'image de Desmond qui frappe son jeune frère avec une pierre et manque de le tuer. Ce traumatisme initial est d'ailleurs identifié clairement quelques minutes plus tard avec son référent biblique, puisque le jeune héros contemple justement l'image de Caen et Abel sur un tableau du salon familial.
Le thème de la Foi, disons le de façon très claire, est difficilement abordable au cinéma, tout du moins de façon réaliste. Cela reste un des thème dominant et récurrent du réalisateur. Mel Gibson a pourtant réussi d'une manière éclatante et bouleversant avec sa "Passion du Christ". On remarque qu'ici, la figure de Desmond Doss, tout bien considéré, présente une dimension très christique. Le message pacifique qu'il véhicule se mêle à l'exemplarité de son comportement qui ne peut que fasciner. Comme le Christ, il traverse plusieurs étapes : il passera par l'incompréhension, le rejet et les brimades physiques de la part de ses compatriotes, puis mettra sa vie en balance pour sauver des hommes sur la colline qui mène à la bataille d'Okinawa. Il finira dans une posture de guide spirituel. Le vocabulaire souligne cette dimension christique, puisque le terme de "Miracle" est employé pour souligner ses exploits. Le langage cinématographique accentue cet aspect : alors qu'il est descendu de la falaise par un treuil, le mouvement de caméra final bascule doucement sous son brancard, et nous le présente dans une image soigneusement travaillée face au Ciel. Il s'agit presque d'un tableau qui propose une sorte d’Ascension qui vient souligner le caractère de sainteté du personnage. On pourrait presque croire qu'il monte au paradis si ce n'est que Gibson conclut son film par une sorte d'épilogue dans lequel il nous présente quelques extraits de témoignages des véritables protagonistes, dont Desmond Doss lui-même. Deux choses sont essentiellement à retenir de ces courts extraits : d'une part, écouter le véritable Desmond Doss permet de s'apercevoir du degré d'implication d'Andrew Garfield. Affichant souvent un sourire et une naïveté de façade, son jeu peut déstabiliser parfois. Pourtant, on peut voir à quel point l'acteur a travaillé pour s'approcher au mieux de son personnage. Ensuite, on ne peut qu'être ému par les larmes que verse un témoin de 80 ans, en se rappelant ce que Doss a fait pour lui. On s'aperçoit alors à quel point chaque petite séquence du film colle au plus près du réel. Il s'agit ici de rappeler l'épisode du soldat aveugle auquel Doss rend la vue en lui nettoyant les yeux. Ici également, le phénomène s'apparente à un célèbre passage de la vie du Christ, lorsqu'il rend la vue à un aveugle.
Andrew Garfield donne au héros une figure christique, doté d'un aspect angélique, doux et simple. Très touchant, on se demande comment il peut se retrouver et survivre dans cette guerre. La Sainte Bible occupe une place de premier plan : sous la forme d'un petit livre, facilement transportable, elle est la marque qui distingue le personnage de Desmond. Elle le caractérise, puisqu'elle explique son comportement. Elle est un élément constituant et indéfectible du personnage, puisqu'il menace même de quitter le brancard qui le transporte à moins qu'on aille la lui récupérer après qu'il l'ai égaré.
Sur le terrain, Gibson filme l'atrocité des combats comme s'il filmait l'Enfer biblique : dominante rouge presque constante, avec du feu qui dévore les vivants. Les figures de japonais présentent des masques effrayants, semblable à des Démons. Contrairement à Clint Eastwood à travers son diptyque, il n'y a pas de contrepoint chez Gibson. Il oppose la vision traditionaliste du sens de l'Honneur des japonais, à travers la séquence du général qui se fait Hara-Kiri, à la force de la Foi qui se propage chez les américains. Enfin, les décors sont sombres et oppressants, et donnent une image très visuelle de l'Enfer.
III. Le style unique du réalisateur Mel Gibson
Le style de Mel Gibson est unique et fascinant pour moi. En regardant l'intégralité de son œuvre en tant que réalisateur, on s’aperçoit que Desmond Doss est un personnage qui s'intègre parfaitement dans sa filmographie. Encore une fois, il s'agit d'un héros qui se distingue parce qu'il va agir différemment des autres. Il va finir par devenir un guide et une source d'inspiration. On sait que Gibson s'est personnellement impliqué dans la "Passion du Christ", désirant expier ses propres pêchés. Ici, le parcours de son héros semble laisser transparaitre les derniers épisodes douloureux de sa vie : son combat contre les institutions, qui l'accusaient d'antisémitisme, son opiniâtreté à défendre la nature de ses convictions, et sa propre rédemption, dont ce film est une marque éclatante au monde. Cela m'est apparu de façon encore plus claire lorsque j'ai pu lire une interview dans laquelle il définissait son héros :
"Il a été traité de lâche, de débile, insulté, méprisé, humilié, traduit en cour martiale. Son parcours ressemble au chemin de croix du Christ. Finalement, il va à la guerre armé de sa seule foi. Mais une foi à transporter les montagnes."( Le Figaro- Septembre 2016)
Au travers de son personnage, Gibson porte un autre regard sur le genre humain au moyen de ce style qui me laisse béat d'admiration. Il utilise à merveille des effets pyrotechniques sublimes, il a un sens parfait du cadrage qui procure à chacune des séquences un effet jubilatoire. Tous les effets de ralentis sont lyriques à souhait, exploités de façon toujours juste, très beaux à voir et marquent une distorsion du temps. Les cadrages sont propres et travaillés, ce qui contraste avec le caractère sale de la guerre. En ce qui concerne le montage, toutes les séquences s'enchainent harmonieusement et on ne voit pas le temps du film s'écouler. Il n'y a aucune économie dans la violence, dans les sentiments ou bien dans l'émotion. Pour renforcer cette immersion, j'ai pu remarquer au moins deux plans subjectifs, dans lesquels on ressent à la fois le regard que portent sur le héros ses camarades mais aussi la vision du monde qui lui est propre. On a sursauté dans la salle, au moyen de séquences de rêves traumatiques savamment placés et réalisés. Mel Gibson invente des plans de cinéma, une autre façon, très différente, de filmer la guerre. J'ai le souvenir de ces corps en feu qui voltigent dans les airs ou bien encore ce long travelling arrière au milieu d'une joute avec les japonais, où le mouvement de caméra a du s'effectuer au plus près du visage des acteurs.
Si j'ai, moi, un rêve parfait en cet instant, c'est de pouvoir assister un jour à un tournage dirigé par Mel Gibson. J'aimerai vraiment voir de quelle façon il dirige ses acteurs. Car la direction d'acteur est, avouons le, sublime, et peut-être est-ce du en partie parce qu'il est lui-même un acteur de talent. Hugo Weaving compose un personnage tout en contraste avec ce que l'on a l'habitude de le voir jouer, et chacune de des apparitions à l'écran est juste parfaite de justesse. Andrew Garfield, avec qui j'ai beaucoup de mal et qui restera selon moi un des pires interprètes de SpiderMan de toute l'Histoire, trouve ici le rôle de sa vie. Un énorme boulot d'interprétation lui permet de camper un personnage sensible et fascinant. J'ai été frappé de voir à quel point, non seulement les autres acteurs principaux mais aussi tous les petits rôles sont parfaits de justesse. Même Vince Vaughn, habitué aux comédies, campe un sergent instructeur tyrannique à souhait. Même s'il est vrai qu'on laisse échapper quelques sourires lors de ces séquences de formations. Mais ici aussi, tout est calculé pour assouplir l'esprit du spectateur, par le biais du contraste, pour faire en sorte qu’il subisse de plein fouet les extraordinaires séquences de batailles qui s'ensuivent.
La question de la violence
Jamais on n'avait filmé la guerre avec autant de réalisme, et Mel Gibson va peut être plus loin que Spielberg en son temps avec "Il faut sauver le soldat Ryan". Il faudra un jour que j'analyse le thème de la violence chez Gibson, une violence dont on peut tout dire, sauf comme j'ai pu la lire parfois chez certains prétendus critiques, qu'elle est gratuite. Cette violence est d'abord très réaliste : j'ai le souvenir de corps qui se font littéralement déchiqueter par des rafales de balles, ce qui, on peut le penser, doit être assez proche de la réalité. Ensuite, la violence pour Mel Gibson est montrée de façon millimétré, très détaillée, et on voit ainsi chaque balle, chaque corps tomber au sol, chaque être humain être pris par la dureté de ce conflit. Ce faisant, il fait ressortir en creux une extrême sensibilité : la violence fait sens et provoque un fort sentiment d'empathie. On comprend pourquoi Desmons Doss prend cette décision insensé d'aller sauver ses compagnons durant la nuit. A l'heure où on a beaucoup critiqué l'éclairage de certains films français, il faut remarquer l'exceptionnelle photographie et le travail d'éclairage de cette séquence dans laquelle Doss va sauver ses premiers frères d'armes durant la nuit. Mel Gibson a mis au point avec son équipe une technique qui permet de se passer des effets spéciaux numériques en plaçant les cascadeurs au plus près des explosions. Cela se voit à l'image et permet ces nombreuses séquences d'un réalisme spectaculaire. Ces scènes sont dénués de musique pour renforcer cet aspect réel, malgré, soulignons le, une bande originale très belle et très travaillée composé par Rupert Gregson-Williams.
Le final très émouvant sur les témoignages, comme je l'ai dit plus haut, clôture une magnifique leçon d'histoire. Une réalité qui dépasse même le cadre du film, comme chacun peut le vérifier sur la page wikipédia du véritable Desmon Doss. Pour ceux qui ont vu le film, cet épisode final est encore plus fort dans la réalité :
"il (Desmond Doss) porta assistance aux blessés jusqu'à ce qu'il soit lui-même sérieusement blessé à la jambe par une explosion de grenade. Plutôt que d’appeler un autre infirmier à couvert, il traita ses propres blessures et attendit cinq heures que des brancardiers le rejoignent et le transportent à couvert. Le trio fut pris dans une attaque de chars ennemis et le soldat de première classe Doss, voyant un homme plus sérieusement blessé à proximité, quitta le brancard et commanda aux brancardiers de porter leur attention sur l’autre homme. En attendant le retour des brancardiers, il fut de nouveau frappé, cette fois-ci d’une fracture ouverte à un bras. Avec une magnifique force morale, il attacha une crosse de fusil sur son bras fracassé pour en faire une attelle et alors rampa 300 yards (274,32 m) sur un rude terrain jusqu’à l’ambulance."
Conclusion
"Tu ne tueras point" est ce que l'on appelle, d'un point du vue littéral, tout comme d'un point de vue que j'assume, un chef d’œuvre. Et pourtant je suis de ceux qui généralement pensent qu'il faut employer ce mot avec beaucoup de parcimonie. Extrêmement fort, dense et puissant, d'une générosité cinématographique folle, le film joue avec l'essence du cinéma grace au talent de son réalisateur. Mel Gibson démontre qu'il est un immense réalisateur, et réalise un film intemporel qui, de fait, pose des questions essentielles sur le choix que l'on peut faire en tant qu'homme, sur la puissance de ses convictions, sur l'utilisation des armes, et au final sur la nature de la guerre. Sa singularité vient du fait, comme on l'a dit, qu'il s'agit d'un film de guerre contre la guerre, doté d'une forte ambition pédagogique : en opposant la force morale à la force physique, il montre comment un homme ordinaire est capable de faire changer les choses par la force de ses convictions. Le film m'interpelle : aurait-on le courage d'avancer comme lui sans aucune arme vers l'ennemi ? Dans le camp militaire, comment se comporterait-on face à un camarade aussi différent que Desmond Doss dans ces conditions ?
A l'heure où j'écris ces lignes, le film a été acclamé à la Mostra de Venise. Je pense qu'il aura certainement plusieurs autre récompenses méritées. Hier soir, la salle était pleine. Elle a vibré au son des canons et à la vue des soldats brisés. Le spectacle de la souffrance va droit au cœur, et c'est justement cette dimension sensible qui est pour moi l'essence même du cinéma. Pour toutes ces raisons, "Tu ne tueras point" est pour moi le film de l'année. Vous l'avez compris, je vous le recommande vivement.
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