Et si tout n’était qu’une affaire de goût ?

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abolition de la viande

Je viens d'entendre une chose étonnante ce midi. Le célèbre journaliste Jean-Marc Morandini vient de déclarer qu'il venait de fêter ses trois mois sans manger de viande. Et, en quelque sorte, assez satisfait de ce qu'il présentait comme un petit exploit personnel, il manifestait son désir de continuer plus loin encore. La raison qu'il invoquait est simple :  il ne peut plus supporter toutes ces horribles vidéos tournées dans les abattoirs, qui ont fait la Une récemment. Or, l'après-midi de ce même jour, ma petite amie vient de m'avouer, avec toute la sincérité dont je la sais capable, qu'elle "n'avait pas trop aimé" les steaks de Soja que je lui ai fait découvrir, et dont je lui vante les qualités depuis que je m'y suis moi-même mis. Alors que j'avais mis leurs propriétés gustatives en avant, voilà qu'elle me rétorque qu'elle les trouve"assez farineux". Désirant en savoir davantage et aussi parce que le sujet me tient à cœur, j'ai entamé la conversation. Elle et moi sommes différents, nous avons des goûts différents. Nous le savons. D'ailleurs, comme pour clore la question, elle finit par lâcher un "J'aime le goût de la viande", qui me met mal à l'aise.

L'association de ces deux évènements, l'annonce de Morandini et cette conversation, a subsisté toute la journée dans mon esprit. Cela a provoqué une sorte de réflexion chez moi, comme s'il existait quelque part une espèce de vérité tellement évidente que personne ne la voyait, et qu'il fallait que je mette au clair. C'est le sentiment d'un questionnement que l'on refuserait de voir, tout en sachant pertinemment qu'il existât. En somme, tout à fait comme les abattoirs.

J'ai finis par comprendre ce qui me chiffonnait tant. D'un côté, la satisfaction de Morandini en présentant sa décision m'évoquait les fumeurs qui décidaient d’arrêter, après avoir vu des images de poumons cancéreux, et qui étaient fiers de compter les jours, les semaines, les mois qui les séparaient de leur dernière cigarette. Apparemment, arrêter de fumer n'est pas très facile, car bien que je ne fume pas, j'ai pu m'en faire une idée avec ma petite amie qui n'a pas réussi à arrêter définitivement malgré toutes ses nombreuses tentatives. Je vous ai dit qu'on était très différent. De ceux qui y parviennent, beaucoup finissent par craquer au bout d'un certain temps. Pourquoi ? Pour une raison de goût, car, si l'on en croit leur dire, fumer procurerait une certaine forme de plaisir. On en revient donc à cette question de goût. Si je ne fume pas moi-même, c'est d'ailleurs en partie pour cette question de goût. Je ne trouve pas ça bon, même extrêmement mauvais pour parler franchement, et pourtant il est de notoriété publique que je suis un grand gourmand. De l'autre côté, le penchant carnassier assumé de ma copine, qui assume sans complexe son goût.

Cette réflexion a donc pour point de convergence le goût. Cela nous amène à des questionnements dont les portées sont presque philosophiques : comment acquiert-on le goût ? Existe t-il une part innée, inscrite dans nos gènes et conséquence de notre hérédité, ou bien alors est-ce quelque chose que l'on acquiert au fur et à mesure de notre découverte du monde ? Et, pour ce qui nous concerne plus précisément ici, comment acquiert-on le gout de la viande ?

 

I. J'observe : nous sommes des herbivores.

 

Un mouvement de mâchoire propre aux herbivores
Un mouvement de mâchoire propre aux herbivores

Visionner des reportages animaliers à la télévision nous émerveille toujours mais cela nous apprends aussi des tas de choses indirectement. En effet, en regardant les grands carnivores, je m'aperçois que l'Homme a très peu de point communs avec. Même si je regarde mes chats domestiques, mon chien, tous ont une dentition adaptée : les canines. Vous savez, les deux dents pointues qui dépassent de part et d'autre de leur mâchoire. En cherchant un peu, on s'aperçoit que ces canines sont un des apanages des grands carnivores. Elles leurs permettent de déchiqueter la chair afin de la manger. En regardant encore, on s'aperçoit que leur mâchoire exécute des mouvements verticaux, c'est à dire de bas en haut. En tant qu'être humain, nos dents sont au contraire larges, courtes, émoussées, plates, exactement comme les dents des autres herbivores. Nous sommes capables de dissocier notre mâchoire en lui faisant faire des mouvements horizontaux, c'est à dire par exemple amener la partie haute de la mâchoire vers la droite tandis que dans le même temps on amène la partie basse vers la gauche. Et c'est en regardant les vaches, qui sont capable de la même chose, que j'ai eu la réponse : c'est un mouvement de broyage et de masticage, bref nous ruminons. Ce n'est pas une surprise, mais une preuve supplémentaire que nous avons une constitution établie, selon les règles des Lois de l'adaptation de Charles Darwin, de végétariens et non pas de carnivores. Selon la science, le corps humain est, d'un point de vue physiologique,100% herbivore.

Nous sommes des mangeurs de plantes : la longueur de nos intestins est de 7 fois à 13 fois plus grande que celle de notre torse, de notre tronc. Et c'est la même longueur que celle de tous les animaux herbivores de cette planète. La longueur des vrais mangeurs de viande, les hyènes, les coyotes, les ours, les tigres ou les lions, est seulement de 3 à 6 fois la longueur de leur torse. En effet, ils ont un transit intestinal court pour pouvoir se débarrasser rapidement de la chair animale pourrie et cariée.

Mais l'observation de ces documentaires mène plus loin encore l'argumentation. On peut régulièrement y voir les mammifères carnivores chasser leur proie afin de la dévorer. Certains se donnent même beaucoup de mal. C'est une affaire difficile, qui ne réussit pas toujours. Nous, on ne le fait pas. On ne s'en soucie même pas. Une fois la proie attrapée, il faut la tuer. C'est cruel. La victime se débat, crie, essaye de s'échapper encore.Il arrive souvent que le chasseur soit taché par le sang de sa victime. Nous, on ne le fait pas. On le sait, d'autres s'en occupent à notre place, et puis on ne veut pas entendre les cris désespérés, ni même savoir comment cela se passe. De plus, il est hors de question que l'on soit souillé par du sang. Ensuite, le carnivore mange sa victime. Oui, comme ça, tout cru, avec le sang partout. Nous, on ne le fait pas non plus. On fait cuire la chair pour ne plus voir le sang et transformer son goût. On l'assaisonne d'épices et on l'agrémente de sauces et de condiments divers, toujours afin de modifier le goût. Enfin, et c'est peut-être le plus important, on choisit les morceaux que l'on mange : épaule, poitrine, cuisse. Le carnivore déguste tout,tête comprise.

Plus on observe, plus on s'aperçoit de notre différence avec l'ensemble des carnivores existants:  pas de griffes sur les mains humaines, car les griffes sont une marque du carnivore et de l'omnivore. Une autre preuve, on a des enzymes de digestion de glucides dans notre salive, et seuls les herbivores ont ça. Cela veut dire qu'on est supposé manger des tonnes de glucides, tels que fruits et légumes.

les canines du carnivore
les canines du carnivore

 

II. Je recherche : nous sommes des herbivores.

 

Gary Yourofsky
Gary Yourofsky

Mais ce n'est pas tout, car en complétant mes observations et mes réflexions par un peu de lecture sur des sites, je me suis finalement trouvé un nouveau héros sur le net en la personne de Gary Yourofsky. Je vous invite à suivre ses actions. Ses prises de paroles sont percutantes. Il parle du "plus grand holocauste de tous les temps". En prenant le cas de l'Amérique, c'est 10 milliards d'animaux terrestres et 18 milliards d'animaux maritimes qui sont assassinés. Chaque année. Des milliards. On en a le vertige.C'est un massacre d'êtres innocents, ce qui correspond donc à la définition d'un holocauste. Un des plus grands défis qui se posent à ceux qui s'éveillent à cette conscience est d'arrêter tout ça. Pour en revenir au sujet qui nous préoccupe ici, selon lui, les gens mangent de la viande pour 4 raisons : habitude - tradition - commodité - gout . Et en y réfléchissant, il a parfaitement raison. Ce qui est grave, c'est que les notion de survie, de subsistance, de santé ou bien d'autres considérations de majeure importance n'apparaissent pas dans cette liste. Chacune de ces raisons suscite réflexion et est propice au débat.

Mais, pour ne pas me disperser, je m'en tiens seulement ici à la 4ème, le goût. Et je ne peux manquer d'évoquer mon expérience personnelle. Depuis tout petit, je n'ai jamais aimé la viande. Héritage de mes ancêtres, phénomène innée ou simple fait des circonstances et du hasard, difficile de le dire mais c'est comme ça. Mon entourage bataillait ferme pour me faire manger. Enfant, je me nourrissait essentiellement de sucreries et de gâteaux. J'avais surement des carences, mais cette alimentation déséquilibrée ne m'a pas empêché de grandir, épargné par les affections et les maladies en tout genre. Je me suis retrouvé dans la peau d'un adolescent tout maigre. Puis, un été, j'ai cédé. J'ai mangé un morceau de viande. Je me suis bien forcé d'ailleurs au début. C'est un peu comme avec la cigarette, pour m’intégrer au groupe, faire comme tout le monde, faire comme les grands. Résultat : à 20 ans, je pesais plus de 100Kg et j'ai commencé à avoir des problèmes de santé.

Les études scientifiques qui ont défrayés la chronique en 2015 révèlent que la viande rouge est cancérigène. Beaucoup s'en sont offusqués, alors que les recherches avaient été menées par l'O.M.S. Pourtant, au delà de ça, on le sait bien, l'excès de viande, comme tout excès, est néfaste :maladies cardiaques, causées par les artères bloquées, athéroscléroses, augmentation des graisses saturées, du cholestérol, de la pression sanguine et risques d'obésité et de maladies cardiaques.

 

De la viande ? Beurk ! Non, merci !
De la viande ? Beurk ! Non, merci !

III. Prouvez moi le contraire.

 

Pour finir, il y a ceux qui lisent tout ceci et qui pensent : tu peux bien dire ce que tu veux et me prouver que je suis un herbivore, moi je continuerai à manger de la viande. Je leur réponds : ne fermez plus les yeux ! Il ne faut plus que des animaux souffrent un martyre inconcevable dans un système de production inhumain pour vous. On aura malheureusement trop souvent l'occasion d'évoquer le martyre des animaux sur ce site, et je ne vais donc pas m'éloigner du sujet du jour, le goût de la viande. Je pense juste que manger des animaux sous hormones et autres produits médicamenteux, élevés dans le stress et dans des conditions effroyables, parfois sans voir la lumière du soleil, et pour finir tué dans d'atroces souffrances psychologiques et physiques, cela ne peut pas faire du bien pour notre santé. Quant aux autres, ceux qui veulent me prouver le contraire en me disant que l'homme est conçu pour manger de la viande, je laisse la parole à Gary Yourofsky, qui leur propose deux petites expériences afin de le prouver  :

"Si quelqu'un croit vraiment que les humains sont des mangeurs de viande, voici deux défis pour me prouver que j'ai tort. Relevez les si vous le voulez.

Défi N°1

  • Je voudrais que vous alliez dehors, trouvez un écureil. Et quand vous aurez repéré cet écureuil, engagez ces pieds carnivores que tout le monde a et chassez cet écureuil. Sautez lui dessus, attrapez le dans votre bouche. Pas d'outils, pas d'armes, pas de cages. Personne n'a le droit d'être un tricheur et un faux carnivore dans ce défi. Et quand vous avez fini de tuer l'écureuil dans votre bouche, allez-y, mangez l'écureuil.Yeux, nez, figure, doigts de pieds, queue, anus, tous les organes, le sang, la fourrure et n'oubliez pas le cerveau. Vous ne pouvez pas sélectionner et choisir quelles parts du corps vous voulez manger et vous ne pouvez pas les cuire non plus. Si les gens veulent vraiment être des mangeurs de viande, j'aimerai beaucoup les voir manger la chair crue près de l'os jusqu'à l'os lui-même, et ne laisser que les os, jour après jour, après jour.

Défi N°2

  • Prenez un enfant de 2 ans, placez le dans un parc, mettez y 2 choses : un lapin vivant et une pomme. Si l'enfant mange le lapin et joue avec la pomme, envoyez moi un e-mail s'il vous plait, car j'offrirai une toute nouvelle voiture à chaque personne dans cette pièce si ça arrive.
Homme carnivore

Conclusion

Ma copine m'a dit aujourd'hui, alors que nous n'en avions plus reparlé depuis, que finalement elle avait bien aimé une variété de ces steaks de soja, ceux avec du miel. Tout n'est vraiment qu'une affaire de gout me suis-je dit intérieurement. Et c'est finalement ça le plus terrible, le plus dangereux. Parce que le chemin sera long, mais c'est inévitable, nous évoluerons. Et un jour, toutes ces horreurs que nous commettons ferons partie d'une histoire ancienne, et nos descendants nous regarderons et examinerons les restes de notre civilisation comme nous le faisons aujourd'hui de la préhistoire. J'en suis convaincu. Je veux, pour une fois, terminer par une dernière citation, celle d'un génie du théâtre:

Le roi Lear : "Comment voyez-vous le monde ?

Le comte de Gloucester (aveugle) : Je le vois avec émotion. Ne devrions nous pas le voir ainsi ?

William Shakespeare, Le roi Lear, 1603-1608

Toujours selon Gary Yourofsky, on a tous été un vrai défenseur des animaux: c'était à l'époque où nous étions enfants. Lorsque quelqu'un s'en prenait à ou était méchant avec un animal devant nous quant nous étions petits, nous aurions criés et pleurés. Et c'est parce que nous étions tous capable de comprendre ou était le bien et le mal quand il s'agissait du traitements des animaux. On nous a appris ensuite à ignorer ces souffrances, à se moquer d'eux et même à les ridiculiser. Ici aussi, dans ce domaine comme dans tous ceux qui m'intéressent et dont je parle, il suffit d'être encore un tout petit peu.....un enfant.

Je vous recommande ces steaks de soja...disponibles sous une multitude de variétés, ils sont tous absolument délicieux.
Je vous recommande ces steaks de soja...disponibles sous une multitude de variétés, ils sont tous absolument délicieux.
Vinci vegan
Commentaires
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2 Responses

  1. Anne
    | Répondre

    Euh…Moi j’ai de longues canines…..Cet article est bien écrit, ce que tu dis est vrai mais je crois que cette histoire de gout est effectivement en lien avec notre éducation, notre environnement mais aussi quelque chose de très personnel… J’ai toujours respecté tes choix, tes goûts et tes combats..Je te remercie de respecter les miens même s’ils sont différents , mais je fais de gros efforts quand je suis avec Toi..

    • Yannick
      | Répondre

      Oui, je sais et je t’en remercie….Je veux juste amener à réfléchir sur tout ça…Tu es ma Muse, tu m’as inspiré le point de départ de cet article 😉

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