Le cœur face au ventre

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Cet article fait suit à "Et si tout n'était qu'une affaire de gout ?" Parce que je continue à penser, à réfléchir et à parler de tous ces sujets tout autour de moi. Parce que ces questionnements font désormais plus que jamais partie de ma vie. Parce que cela fait partie des réflexions qui m'habitent et me suivent chaque jour. Parce qu'autour de moi, certains se sont aperçu d'un changement accrue dans mes habitudes alimentaires. 2016 a été, selon moi, l'année du déclic comme chez beaucoup de gens. La fameuse phrase de Paul McCartney "Si les abattoirs avaient des fenêtres, tout le monde serait végétarien" est presque devenue une réalité. Beaucoup d'associations courageuses, et en particulier L214, ont réussi à filmer l'horreur. Ils ont crées et ouvert ces fameuses fenêtres. En s'infiltrant parmi les employés des abattoirs,en recueillant des images, des témoignages, ils ont permis de voir l’innommable, l'invisible, ces horreurs que l'on nous cache depuis toujours. A leur vue, même le régime nazi n'ont été que d'"aimables plaisantins" pour reprendre la célèbre formule de Doug Moench en comparaison à tout ce que peuvent vivre ces êtres innocents. Beaucoup de gens ont été scandalisés, heurtés en découvrant l'étendue de ces agissements. Certaines stars ou personnalités ont changés publiquement de régime alimentaires, ou ont du moins réduit leurs consommation de viande. Le débat a été porté sur la place publique, entre les déclarations d'un ministre de l'agriculture impuissant et dépassé jusqu'aux promesses électorales des candidats en cette année d'élections. Cela est une bonne chose. Les abattoirs concernés par ces scandales ont été fermés, avant d'être rouverts plus discrètement quelques temps après. Afin que les médias n'oublient pas, et pour continuer de peser sur les mentalités, certaines associations se sont fait plus militantes que jamais, et n'hésitent pas à faire des actions "coup de poing" : intrusion dans les abattoirs et blocage de la chaine, happenings sur la place publique mettant en scène le sang et la cruauté envers les animaux. Je l'avoue : ils sont devenus mes héros et je sais qu'un jour prochain, je viendrais grossir leur rang au sein d'une de leurs opération, qu'elles qu'en soient les conséquences.

On ne va pas se leurrer : faire évoluer son alimentation n'est pas une chose aisée, même si, comme je l'ai déjà dit dans l'article précédent, j'ai l'avantage de ne pas aimer et de n'avoir jamais aimé la viande. Avec ma maman, qui plus que moi peut-être subi le poids des habitudes, nous sommes quand même parvenu à réduire drastiquement notre consommation carnée. Manger de la viande est désormais devenu plus rare chez nous, et, lorsqu'encore cela arrive, il se produit une sorte de gène, comparable à un sentiment de culpabilité compréhensible. Si nous y sommes arrivés, c'est également parce que depuis 2016, l'offre s'est, je trouve, considérablement accrue. A côté de marques spécialisés comme "Céréal", d'autres plus inattendues comme "Herta" déploient à présent toute une gamme de produits à disposition des consommateurs dans les supermarchés. Les gouts sont toujours plus variés, toujours plus riches. Certains restaurants viennent enrichir le plaisir gustatif, et je vous recommande chaudement "La Faim des Haricots" sur Toulouse, qui est devenu mon adresse favorite lors de mes excursions dans la ville rose. Mais si je persiste à dire que ce n'est toujours pas une chose aisée, c'est que j'ai encore sous les yeux les vues terribles des étals de supermarchés lors des fêtes de fin d'année. Pourtant, Noël est la période de l'année que je préfère. Malgré cela, rarement je n'avais réalisé à quel point cela ressemblait à une galerie des horreurs. J'ai été pris de nausée à la vue d'animaux entiers, juste emballés sous cellophane. Quelque soit l'endroit, c'est comme si ces fêtes familiales rimaient avec "Grande Bouffe carnivore".  Et que dire des exemplaires encore vivants, exhibés comme de simples marchandises ? C'est dans ces occasions que l'on mesure le chemin qu'il reste encore à parcourir. C'est là que l'on réalise que l'on vit encore dans une société archaïque.

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I. Le syndrome de l'Autruche

Beaucoup de gens ont ouvert les yeux. Partout. Malgré cela, certains continuent sous le poids des habitudes. Cela fait-il pour autant de ceux là des êtres sans cœur ? Lorsque je parle à ma copine, ou à d'autres personnes de la souffrance animale, la réponse qu'ils me font est consternante : "Je sais que les animaux souffrent, mais j'aime trop la viande". On revient à cette question du gout dont je parlais dans mon précédent article, mais on la dépasse cependant. Plus le temps passe, moins j'accepte d'entendre ce genre de réponse, qui ressemble fort à la manifestation d'un sentiment : l'égoïsme. C'est un peu comme si le plaisir gustatif était plus important que le sentiment d'empathie pour son prochain. Le ventre contre le cœur. Cet égoïsme semble parfois s'accompagner d'un sentiment d'hypocrisie, car en effet, de plus en plus de personnes connaissent désormais la vérité : ces gens là savent mais font semblant de ne pas savoir pour continuer à se "baffrer".

Il faut le dire très clairement : aimer la viande revient à cautionner tous ces actes de torture. Le temps est également propice à évoquer la nature des employés qui commettent ces agissements. Relèvent ils de la psychiatrie, ou bien sont-ils de la même nature que ces terroristes qu'aucune atrocités ne semblent arrêter ? Qu'adviennent ils de ces gens lorsqu'ils se retrouvent en liberté ? Le Sadisme se définit comme : "la recherche de plaisir dans la souffrance physique ou morale (domination, contrôle) volontairement infligée à autrui, éventuellement un animal". On ne peut être plus clair. Si la notion de plaisir reste discutable, elle se rapproche pour moi d'un phénomène de défouloir. Une psychologue interrogée sur ce sujet expliquait que ces employés "chosifiaient" l'animal. En associant l'animal à un objet, on peut donc parler de déshumanisation. Je ne peux concevoir que des gens sains d'esprit puissent faire ce métier sans en sortir indemnes dans leur tête. Chaque jour apporte des images qui montrent des actes sadiques et gratuits. Ces gens sont à l'évidence de ces images des personnes souffrant de frustration qui assouvissent leur besoins de violence auprès d'êtres innocents et sans défense. Ce qu'ils font dans ces usines de la mort, ils sont en capacité de le faire dans la vie. A tout moment, leurs réflexes violents et sadiques peuvent prendre le dessus. Depuis peu, les médias s'intéressent à cette question, comme en témoigne le récent reportage d'Envoyé Spécial sur France 2 au titre évocateur " Des hommes ou des bourreaux". En résumé, devant les témoignages de patrons et d''employés tous plus déshumanisés, qui tentent d'expliquer pour les uns le processus de "chosification" et pour les autres leur amour de" l'ambiance " des chaines d'abattages, on reste médusés face à ces manifestations de bêtises humaines d'un autre âge. La preuve nous est donné par cet employé, témoignant à visage découvert, contrairement aux autres, qui trouve par sa parole une forme d'exutoire à la souffrance morale qu'il a ressenti.

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II. "On a un cœur ou on n'en a pas"

Au delà des déclarations du ministère de l'agriculture qui a en charge les affaires récentes de ces abattoirs, la question de la souffrance animale renvoie au statut même des agriculteurs. Il s'agit d'une catégorie d'humains qui font souffrir les animaux qu'ils ont en charge pour une histoire d'argent. Les éleveurs relèvent à la grue leurs animaux épuisés quand ils tombent, les laissent vivre au milieu de leurs excréments et des courants d'air. Il suffit d'écouter les cris de pleurs de la pauvre maman lorsque son bébé lui est enlevé. L'élevage intensif trouve son achèvement dans la tristement célèbre Ferme des 1000 vaches, et son pendant funeste ferme des 1000 veaux, cautionnés par ce gouvernement d'incapables.

Les agriculteurs n'aiment pas leurs animaux. C'est un fait, et il faut arrêter avec cette hypocrisie qui consiste à leur faire dire le contraire. Cela m'évoque le célèbre sketch des Inconnus sur les bons chasseurs et les mauvais chasseurs. Ils n'aiment pas leurs animaux car ils ne le peuvent pas. Si les agriculteurs qui envoient leurs animaux se faire trancher la gorge aimaient leurs bêtes, il y a matière à s'interroger sur le sens qu'ils donnent au mot "Amour". J'aime mes chats et mon chien, et pas un seul moment je n'imagine les mettre dans le couloir de la mort pour qu'ils agonisent la gorge ouverte pendant de longues minutes en baignant dans leur sang.

En discutant, on entends certains arguments sur l'importance des grandes causes humanitaires, qui doivent légitimement prévaloir sur la cause animale. Pourtant, trouver injuste le génocide animal n’empêche en rien de trouver épouvantable la famine et la souffrance humaine. Certaines voix s'élèvent pour expliquer que si les gens arrentaient de manger de la viande, il n'y aurait plus de famine car tous le monde aurait de quoi manger. En effet, le nombre de céréales cultivés pourrait suffire à nourrir la Terre entière et à éradiquer la fin dans le monde. La réalité est que les pays riches, pour leur plaisir personnel, préfèrent nourrir le bétail pour s'en délecter ensuite, tout en faisant semblant de s’inquiéter pour la faim dans le monde. Le combat des végans est donc autant en faveur de la vie animale que de la vie humaine.

Manger de la viande engage la vie d'autres êtres vivants auxquels on ne demande pas leur avis sur le sujet. Sont-ils d'accord pour vivre et mourir dans d'aussi atroces conditions.? Ce n'est pas la même chose.

"On n'a pas un cœur pour les hommes et un cœur pour les animaux, on a un cœur ou on n'en a pas" dit Lamartine.

 

 

 

 

 

Mon cœur n'a jamais battu aussi fort, et ces articles sont la manifestation de mon cri de tristesse et de honte, celui que je ressent en voyant le comportement égoïste de ma propre espèce. Puisque l'on se prétend évolué, il faut arrêter de manger des cadavres comme à la Préhistoire. Si manger de la viande est une bonne chose, tant vaut-il mieux manger de l'homme, cela reviendra au même au final. Car l'homme est un animal, ne l'oublions jamais. Depuis tout petit, j'ai comme film culte "Soleil Vert" de Richard Fleisher, avec Chalton Heston, Edward G. Robinson et Joseph Cotten, que je vous recommande chaudement et auquel je vous renvoie.

Un des impressionnants happenings de L214
Un des impressionnants happenings de L214

III. Le cœur plus fort que tout ?

Avoir une copine carnivore pose une question très peu abordée finalement : peut-on concevoir une vie sentimentale entre un vegan et un carnivore ? En d'autre termes, comment concilier vie amoureuse et mode de vie vegan. A y reflechir, je me dis que ce doit certainement être la même chose entre personnes de religion différentes. Je lisais récemment un article rédigé par une végan qui répondait justement à la question : Être végane et amoureuse d'un omnivore est-il possible ? Ses arguments sont sans appel : la réponse est Non, en aucune façons. Je vous renvoie à cet article passionnant, car ses arguments méritent que l'on s'y attarde quelque peu (http://www.huffingtonpost.fr/angelique-preux/etre-vegane-et-amoureuse-dun-omnivore_b_9307146.html). Voici de façon sommaire les principales raisons qui motivent sa réponse :

  • partager le quotidien : cela concerne l'alimentation, surtout lorsque l'on vit ensemble, mais aussi tous les aspects pratiques du quotidien ( du choix des vêtements jusqu'aux produits de toilettes) qui ne doivent pas devenir prise de tête.
  • la compassion : ce trait de caractère conditionne notre façon de penser et donc de vivre. S'il peut légitimement exister des différences de gout et d'opinions dans un couple, ce sentiment est tellement important qu'il est hors de question que les personnes que l'on fréquente en soient dépourvues.
  • l'antispécisme : ce mouvement rendu populaire notamment grâce à Aymeric Caron s'oppose au spécisme qui place l'espèce humaine avant toutes les autres. Cela induit le sentiment de ne pas pouvoir concevoir la possibilité d'aimer quelqu'un qui s'estimerait supérieur aux autres animaux.
  • l'éducation d'un enfant : La question qui peut se poser tôt ou tard dans une relation. Si le couple ne partage pas les mêmes valeurs morales, comment fait-il pour éduquer ses enfants ?
  • les capacités d'ouverture, de compréhension et d'évolution : Ce sont des traits de caractères plus généraux, certes, mais qui reflètent souvent la valeur d'une personne. Ce qui importe c'est de savoir faire preuve d'une ouverture d'esprit telle, qu'elle peut à terme remettre en cause ses habitudes et conduire ainsi au changement. L'auteur cite l'exemple de son conjoint qui, progressivement, a ouvert les yeux sur les réalités de la condition animale au point de partager son mode de vie.

Si suivre un mode de vie différent en société n'est pas toujours facile, notamment lors des sorties au restaurant par exemple, on parle moins des difficultés à suivre ce mode dans la sphère privé. J'en fais tous les jours l'expérience auprès de ma Maman, qui depuis toujours a eu comme habitude de manger de la viande malgré son amour sans bornes pour les animaux. Pourtant, elle évolue, elle s'adapte et prends même plaisir à ce changement. Les notions de plaisir et de goût sont, on ne cesse de le voir centrales, dans le sens qu'elles facilitent grandement le passage d'un mode de vie à un autre.

Comme l'auteur de l'article que j'ai cité plus haut, il faut passer par une étape transitoire, celle d'une attitude flexitarien, c'est à dire continuer à manger un peu de viande lors de la vie en société. Je me dis que celles et ceux qui m'entourent suivront également ce chemin. Pas par amour pour moi, mais par compassion.

L'ouverture des cœurs et des esprits, le combat pour la libération animale nécessitent des images concrètes qui montrent la réalité de la barbarie infligés à tous ces être vivants. Il faut se battre pour dévoiler la vérité dans son insoutenable cruauté, celle qui dérange et que les politiques et les industriels tentent de passer sous silence, à des fins monétaires, à travers des publicités édulcorées, et honteusement mensongères. Cela conduira à contrer les actions menées, dès le plus jeune âge, pour habituer les individus et normaliser l'idéologie carniste et spéciste. La solution n'est pas de cacher ces images pour épargner égoïstement nos consciences mais de les dévoiler pour amener progressivement les personnes à réagir et avoir le courage de changer progressivement leurs habitudes pour ne plus se rendre complices de cette barbarie et de ces souffrances. Nous, Citoyen-Consommateur avons le pouvoir de faire changer les choses à travers nos choix.

Pamela Anderson propose une illustration du concept de chosification du corps
Pamela Anderson propose une illustration du concept de chosification du corps

Conclusion

Le message véhiculé par les images, les discours percutants de vérité des associations militantes a pris une telle importance que personne ne peut plus dire aujourd'hui "Je ne savais pas". Les animaux ont une vie propre, des sentiments, de l'empathie, des ressentis. Ils ont une intelligence qui leur est propre.  Ils ont droit au respect. Puisque rien ne se fera rapidement et puisque les gens continuent à manger de la viande, il faut s'attaquer aux méthodes d'élevage, de transport et d'abattage. Les évènements électoraux qui se rapprochent provoquent le défilé des principaux candidats au Salon de l'Agriculture qui vient d'ouvrir ce week-end. Combien parmi eux se doutent que les animaux qu'ils côtoient lors de cette visite, qu'ils caressent et dont ils admirent la beauté, seront exécutés dans des conditions aussi sordides que cruelles.

Peut-être faudrait-il, à l'image des paquets de cigarettes sur lesquels figurent des images choquantes pour dissuader de fumer, montrer sur les emballages de viande la souffrance des pauvres bêtes conduites à l'abattoir.

A l'approche des évènements électoraux qui se rapprochent, qu'il me soit permis de rêver d'un Président pour la Protection animale. Pour n'être qu'un vœu pieux, il est pourtant évident que le Salut de l'Homme passe par celui de l'Animal, et celui de notre âme par la fin des animaux martyrisés.

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Commentaires
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2 Responses

  1. Anne
    | Répondre

    Il y a des éléments sur lesquels tu as raison, mais il est dommage que tu ne précises pas que ta copine respecte et t’accompagne dans tes choix et tes valeurs. Elle est la première à ne jamais te proposer des plats avec de la viande et à demander au restaurant la possibilité d’avoir des plats végétariens même s’ils ne sont pas à la carte.. Il reste du chemin à faire à nous tous pour se rappeler que dans humain , il y a humanité soit Disposition à la compréhension, à la compassion….

  2. Yannick
    | Répondre

    Je connais bien tes qualités d’écoute, d’ouverture d’esprit et de tolérance. Je pense qu’à un moment donné, la compassion sera plus forte. Je comprends que tu te sois senti concerné par la partie sur la vie sentimentale, mais je ne te visais pas. J’aborde le sujet de la connaissance des horreurs que subissent les animaux qui se déploie au point que certains changent, ou du moins modifient leurs mode de vie. Ça m’a fait penser au discours de ces éleveurs, qui semble comme je le dis contradictoire. Je voulais juste souligner ces contradictions, que nous ne pouvons ignorer puisque nous savons désormais. Ce sentiment ressemble à de l’hypocrisie, ou à de l’égoïsme puisqu’on fait passer notre propre plaisir avant. Un jour, la compassion finira par se faire jour pour tous.

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